ERP trop rigide, tableurs dispersés, outils métiers bricolés sans validation… Pour les DSI, la question n’est plus seulement de centraliser, mais de rendre le système d'information à la fois cohérent, pilotable et adaptable. Concevoir un ERP ne signifie plus forcément partir de zéro en développement natif. Grâce aux outils no-code, il est désormais possible de structurer une architecture modulaire et robuste, tout en gardant la main sur les flux. À condition d’éviter l’écueil bien connu : la prolifération d’outils non maîtrisés. Cet article propose une approche pour concevoir un ERP adapté aux enjeux actuels, en s’appuyant sur les bons outils et une gouvernance claire.
Comprendre l’ERP : un socle métier avant d’être un logiciel
Un ERP pour “Enterprise Resource Planning” ou “progiciel de gestion intégré” en français désigne un système centralisé conçu pour piloter l’ensemble des processus d’une entreprise. Il ne s’agit pas simplement d’un logiciel unique, mais d’un écosystème de modules interconnectés couvrant des domaines aussi variés que la comptabilité, la gestion des stocks, les ressources humaines, la production ou la relation client. Le rôle fondamental de l’ERP est de réduire les silos d’information en assurant la circulation fluide des données entre les différents services.
Concrètement, cela signifie que la commande passée par un client peut, par exemple, déclencher automatiquement une mise à jour du stock, une planification de production, une génération de facture, et une alerte au service logistique le tout sans ressaisie manuelle ni rupture de flux. L’ERP devient alors la colonne vertébrale du système d’information, garantissant la cohérence, la traçabilité et l’efficacité des opérations quotidiennes.
Pourquoi concevoir un ERP plutôt que d’en acheter un sur étagère ?
L’offre ERP est aujourd’hui très large, des solutions monolithiques comme SAP ou Oracle aux plateformes modulaires et open source comme Odoo. Pourtant, adopter une solution “clé en main” n’est pas toujours la réponse idéale. Chaque entreprise a des processus, des priorités et des contraintes qui lui sont propres. Or, un ERP pré-packagé impose souvent un cadre rigide, avec des fonctionnalités standards parfois surdimensionnées, ou à l’inverse, des manques critiques pour certains métiers.
Concevoir un ERP sur mesure ou en tout cas, piloter sa conception de manière modulaire permet d’adapter l’outil à la réalité du terrain : on choisit ses briques, on construit autour des usages réels, on connecte les bons outils au bon endroit. Cela permet aussi d’éviter les coûts cachés liés aux personnalisations trop lourdes sur des ERP fermés, et de reprendre la main sur son architecture logicielle, notamment via des outils no-code ou low-code pour les composants les plus agiles.
Un ERP, oui, mais pas une forteresse : la souplesse comme exigence
Concevoir un ERP ne signifie pas bâtir une infrastructure monolithique et figée. Au contraire, un ERP moderne doit être modulaire, interopérable et évolutif. Il doit pouvoir absorber des changements métiers rapides, intégrer de nouveaux outils ou modules, et s’adapter aux usages des équipes sans remettre en cause l’ensemble de l’écosystème. Cela suppose une conception pensée dès le départ pour être souple : interfaces paramétrables, logique métier configurable, workflows adaptables.
La personnalisation n’est plus un luxe : c’est une nécessité pour que l’ERP soit réellement utilisé, et non contourné. Trop d’entreprises se retrouvent avec des ERP rigides, détournés par les utilisateurs au profit de fichiers Excel ou d’outils parallèles non pilotés un terrain propice au shadow IT. Un ERP bien conçu permet au contraire de canaliser cette agilité métier dans un cadre structuré, gouverné par la DSI.
Concevoir un ERP no-code : une approche modulaire
Cadrer les besoins métiers avant de penser outil :
Concevoir un ERP ne commence jamais par le choix d’un logiciel. La première étape consiste à cadrer les processus métier : comprendre comment circulent les informations dans l’organisation, qui les manipule, et à quel moment. Cette cartographie permet de mettre en évidence les flux critiques, les redondances, les goulets d’étranglement, ou encore les risques liés à des outils isolés ou non interopérables.
Identifier les interdépendances entre services est également essentiel. Une modification dans le module de facturation peut impacter la gestion commerciale, le reporting ou la comptabilité analytique. Ce travail de cadrage, souvent mené par la DSI en lien avec les responsables métier, conditionne toute la suite : architecture, choix des outils, gouvernance des données. C’est ce qui distingue une simple implémentation logicielle d’un vrai projet ERP.
Le rôle du no-code dans la conception d’un ERP évolutif
En 2025, il n’est plus nécessaire de développer l’intégralité de son ERP en natif. Des outils no-code comme Make, Airtable, WeWeb ou encore Xano permettent de concevoir des modules ERP spécifiques rapidement, sans dépendre d’un cycle de développement long et coûteux. Ce sont des briques applicatives efficaces pour répondre à des besoins ciblés : gestion de projet, suivi logistique, demandes internes, tableaux de bord opérationnels…
L’intérêt pour la DSI est double. D’une part, elle peut industrialiser des solutions agiles, adaptables, testées en conditions réelles. D’autre part, elle reprend la main sur des usages métiers qui, autrement, donneraient naissance à des outils parallèles, parfois non conformes aux standards internes. Le no-code, utilisé dans une logique d’architecture maîtrisée, devient un levier de structuration, et non un facteur de désordre.
Encadrer les usages pour éviter les outils parallèles :
Si le no-code est laissé aux mains des métiers sans cadre clair, il devient une porte ouverte au shadow IT : outils personnels, bases non partagées, automatisations invisibles pour la DSI. Concevoir un ERP modulaire n’implique donc pas de décentraliser sans gouvernance.
La DSI doit définir une charte d’usage du no-code : quels outils sont autorisés, dans quel périmètre, avec quels niveaux de droits et de documentation. Cela passe aussi par une structuration des bases de données, un contrôle des accès, une supervision des workflows critiques. L’objectif n’est pas de brider les initiatives, mais d’orchestrer l’agilité à l’échelle de l’organisation.
Architecture technique : cloud, API, connecteurs et interopérabilité :
Un ERP bien conçu n’est pas une île. Il doit pouvoir dialoguer avec l’ensemble du système d’information : CRM, outils RH, systèmes de facturation, BI, gestion documentaire… Cette interopérabilité passe par un usage rigoureux des API, des connecteurs standards, et une attention portée à la qualité des données échangées.
Le cloud facilite cette modularité, mais il impose aussi des exigences : chiffrement, gestion des accès, conformité RGPD. La DSI doit intégrer ces dimensions dès la conception de l’ERP. Un bon système, aujourd’hui, est modulaire, distribué, et gouverné. Il permet de connecter des outils choisis et non subis tout en conservant une vision d’ensemble, des logs, des métriques et des points de contrôle. Autrement dit, un ERP moderne est une infrastructure vivante, mais maîtrisée.
Quels outils pour concevoir ou compléter un ERP ?
ERP classiques : SAP, Oracle, Microsoft Dynamics, Sage, Odoo :
Le marché des ERP est dominé par quelques acteurs historiques, chacun occupant une position spécifique selon la taille des entreprises et leur secteur. SAP est largement utilisé dans les grandes entreprises industrielles ou multinationales. Il offre une couverture fonctionnelle étendue, mais nécessite un paramétrage long et souvent coûteux. Oracle, de son côté, combine des capacités ERP et base de données, avec une orientation forte sur la finance et les environnements complexes.
Microsoft Dynamics 365 séduit par son intégration naturelle avec l’écosystème Microsoft (Office, Teams, Power BI…), ce qui en fait un choix pertinent pour des entreprises de taille intermédiaire. Sage reste un acteur clé en comptabilité et gestion commerciale pour les PME, avec des solutions plus accessibles mais moins flexibles. Enfin, Odoo (open source) se distingue par son modularité, sa personnalisation et sa communauté active, ce qui en fait une option intéressante pour ceux qui veulent adapter leur ERP à leurs processus internes.
Chaque outil a ses forces, mais aussi ses limites : rigidité des modules, difficulté d’interfaçage, coût de licence ou dépendance à un intégrateur. C’est souvent ce qui pousse les entreprises à explorer d’autres voies.
ERP sur mesure : développement natif vs solutions modulaires no-code
Concevoir un ERP sur mesure permet d’aligner l’outil sur les spécificités métier d’une entreprise. Cela peut être pertinent dans des contextes où les processus sont très éloignés des standards, ou lorsqu’une différenciation forte est recherchée. Le développement natif permet alors de tout construire modèles de données, interface, logique métier à partir d’une feuille blanche. Mais cette liberté a un coût : temps de développement, dépendance technique, maintenance.
C’est là qu’interviennent les solutions modulaires no-code ou low-code, qui offrent une alternative hybride. On ne repart pas de zéro, mais on assemble des briques préexistantes pour créer un système personnalisé. Des outils comme Xano (back-end), WeWeb (interface), Make (automatisation) ou Airtable (base de données métier) permettent de construire rapidement des modules ERP ciblés. Cette approche convient particulièrement bien aux PME ou aux structures souhaitant tester une solution avant de généraliser.
Hybrider un ERP existant avec des modules no-code :
Une autre option de plus en plus répandue consiste à conserver un ERP existant parfois rigide mais fiable tout en y greffant des modules spécifiques développés en no-code. Par exemple, une entreprise peut ajouter un suivi d’interventions terrain avec Airtable et WeWeb, une interface de gestion de tickets internes connectée à Make, ou un tableau de bord opérationnel personnalisé avec Softr ou Tableau.
Ces modules viennent compléter les fonctionnalités de l’ERP sans en perturber l’architecture principale. Le no-code permet ici d’expérimenter, de s’adapter aux besoins métiers concrets, tout en conservant les garanties d’un système centralisé. Pour la DSI, cette approche offre un compromis pertinent : moderniser l’usage, fluidifier les échanges, tout en gardant le contrôle sur les données, les accès et l’intégrité du système d’information.
C’est une stratégie d’évolution, pas de rupture. Et souvent, c’est là que le no-code révèle toute sa valeur : dans l’agilité contrôlée, au service d’un ERP mieux utilisé.
ERP vs CRM : complémentarité plus qu’opposition
Qu’est-ce qu’un CRM ?
Un CRM (Customer Relationship Management) est un outil centré sur un seul enjeu : la gestion de la relation client. Il permet de suivre les leads, d’organiser les opportunités commerciales, de structurer les échanges (emails, appels, rendez-vous), et de nourrir une base de données client exploitable pour les équipes commerciales et marketing.
Contrairement à l’ERP, le CRM n’a pas vocation à piloter l’ensemble des processus de l’entreprise. Il ne gère pas les stocks, la paie, la production ou la comptabilité. Son périmètre est plus ciblé, mais aussi plus souple dans ses usages. Certains CRM sont d’ailleurs pensés pour être utilisés sans formation poussée, avec des interfaces centrées sur l’utilisateur métier.
Des outils comme Hubspot, Pipedrive, Salesforce ou Zoho CRM dominent ce segment, avec des degrés de complexité et de personnalisation très variables. Ce sont des outils puissants pour convertir, fidéliser et analyser les comportements clients mais ils ne remplacent pas un ERP.
Intégrer CRM et ERP : l’enjeu de la donnée partagée
Dans un système d’information bien conçu, l’ERP et le CRM ne s’opposent pas ils se complètent. L’un gère les flux internes, l’autre les interactions externes. La clé, c’est l’articulation entre les deux. Un devis signé dans le CRM peut automatiquement créer une commande dans l’ERP. Une réclamation client peut déclencher un ticket SAV ou une alerte logistique. La circulation de l’information doit être fluide.
Cela suppose une synchronisation des bases, une gouvernance des identifiants, et parfois des connecteurs ou des automatisations via des outils comme Make ou Zapier. Dans cette logique, l’ERP fournit la structure et la cohérence, tandis que le CRM offre une interface spécialisée, orientée client.
L’objectif : une donnée unifiée, fiable, et contextualisée, au service de la performance globale de l’entreprise.
En bref,
Un ERP conçu par la DSI, piloté pour les métiers !
Concevoir un ERP, ce n’est pas empiler des fonctionnalités. C’est définir une structure claire, documentée, évolutive et y greffer les bons outils, au bon moment.
Le no-code permet d’accélérer la mise en œuvre. Mais sans cadrage, il devient une source de shadow IT.
Le vrai enjeu pour la DSI : organiser l’agilité plutôt que la subir.
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